En descendant du train à la station McGill, les voyageurs ont droit à cinq magnifiques verrières sur l’histoire de Montréal. Réalisée par Nicolas Sollogoub, l’œuvre La vie à Montréal au XIXe siècle semble avoir toujours été présente dans cette station. Et pourtant, elle n’a fait son apparition qu’en 1974, soit huit années après l’ouverture du métro! Elle a été retirée de la station pour sa restauration de décembre 2012 à juin 2016.
Après une quarantaine d’années de services, la station McGill, deuxième station la plus achalandée du réseau, a besoin d’une bonne cure de rajeunissement. C’est aussi le cas des verrières de Nicolas Sollogoub, qui ont perdu leur éclat d’origine et dont le système d’éclairage fait souvent défaut. La STM décide de profiter de la réfection partielle de la station pour restaurer l’œuvre, avec le soutien financier du gouvernement du Québec.
La restauration de l’œuvre de Sollogoub est confiée au Centre de conservation du Québec (CCQ), organisme gouvernemental pour qui la restauration d’œuvres d’art public n’a plus de secrets. En 2004, la STM approchait une première fois le CCQ pour une évaluation complète des œuvres d’art dans le métro de Montréal. Une fois ce travail effectué, le CCQ a procédé à la restauration de certaines de ces œuvres, dont la splendide verrière de Frédéric Back à la station Place-des-Arts.
Malgré tout, l’œuvre de la station McGill représente un défi pour le CCQ, en raison de son importance : il y a plus de 1200 plaques de verre superposées à nettoyer. Si leur réalisation a demandé huit ans d’efforts à Nicolas Sollogoub, combien en faudra-t-il aux artisans du CCQ pour leur restauration?
Le retrait de l’œuvre a lieu de nuit, une tâche aussi complexe ne pouvant être réalisée durant les heures d’ouverture du métro. Une à une, les 150 sections qui forment les cinq verrières sont méticuleusement retirées et emballées par les employés du CCQ. Elles sont placées dans de grandes caisses en bois, plus transportées par camion à Québec, dans les ateliers du CCQ.
C’est donc à Québec que ce vibrant hommage à Montréal reprend ses couleurs d’origine. Une à une, les plaques de verre sont nettoyées avec soin. Quelques plaques font l’objet de retouches ou de réparations, mais somme toute, l’œuvre a bien résisté à l’épreuve du temps. C’est la quantité de plaques à nettoyer qui rend le travail difficile.
Entre-temps, à Montréal, les architectes et les ingénieurs de la STM revoient complètement le système d’éclairage de l’œuvre de Sollogoub. Signe des temps, les néons de l’époque sont remplacés par des diodes électroluminescentes (DEL), beaucoup plus durables. On en profite également pour rehausser l’œuvre, qu’on avait descendue pour faire place à des fenêtres pour les commerces au-dessus. Ces fenêtres n’étant plus là, les verrières peuvent retrouver leur hauteur d’origine.
La restauration de l’œuvre nécessite environ une année de travail au CCQ. Il faut toutefois attendre la fin des travaux à la station McGill pour procéder à sa réinstallation. Celle-ci a finalement lieu du 25 mai au 16 juin 2016, les travaux s’effectuant encore de nuit. À première vue, la station est redevenue comme elle était avant. Mais en regardant de plus près, on y voit de nombreuses différences : nouveaux planchers, nouveaux murs de travertin, nouvelle signalisation et… les mêmes verrières, plus propres et mieux éclairées qu’avant!
Malheureusement, Nicolas Sollogoub n’a pas le bonheur de voir son œuvre restaurée, mieux éclairée et replacée à sa hauteur d’origine. Il est décédé le 11 juillet 2014, bien avant la fin des travaux. Mais son œuvre, elle, reste bien vivante et continuera de susciter l’intérêt des usagers de la station McGill.