Le relief abstrait Éclosion, réalisé par Marc Dulude, s’ancre en hauteur dans le mur de brique de l’école Sainte-Bernadette-Soubirous, annexe. Il se compose de deux formes rondes en aluminium découpé au laser. Une tige relie le grand arc de cercle du bas, turquoise et vert pâle, à celui plus petit et dédoublé du haut, jaune et violet. D’autres tiges se déploient à partir de leur centre respectif. Les éléments circulaires suggèrent le mouvement. De plus, quand le spectateur se déplace, les cercles colorés jaune et violet superposés créent un effet moiré. À ce travail sur la couleur, s’ajoute le lien établi entre le turquoise du relief et celui bleuté de l’entrée à proximité. Cette intégration colorée de l’œuvre à l’architecture n’est pas le seul rapport au bâti développé par l’artiste, puisque les formes rondes contrastent avec celles rectangulaires des briques du mur, perceptibles à travers la structure métallique. Par ailleurs, la sculpture murale s’éclaire le soir, produisant des ombres portées.
Outre ces aspects esthétiques, le relief comporte d’autres caractéristiques notables, entre autres symboliques : la nature et l’éducation. Les références à la nature se manifestent par la couleur : le turquoise et le vert du bas rappellent l’eau et la végétation, alors que le jaune du haut connote le soleil; et par le motif de l’arbre, dont les tiges se déploient comme des racines en bas et des branches en haut. L’arbre ainsi formé évoque le développement du savoir, l’éducation, les connaissances enseignées à l’école. Une autre caractéristique importante, technologique celle-là, enrichit le propos artistique de Marc Dulude. La conception du motif de l’arbre à l’aide d’outils informatiques, participe de son intérêt soutenu pour les relations complexes entre la nature et les mathématiques. L’usage d’un logiciel de programmation lui permet de jouer avec la structure de la forme choisie, ici ronde, à partir de laquelle le système de racines et de branches se multiplie de façon répétitive. Cette arborescence origine du principe de l’arbre binaire, de la programmation récursive en informatique. Pour l’artiste, l’accumulation rapide de données numériques contraint « à de nouvelles manières de voir et analyser le monde ». En ce sens, sa création allie l’informatique à l’esthétique et l’organique, qui sont des préoccupations actuelles en art comme dans la société.