Sarah Bertrand-Hamel vit et travaille à Montréal. Elle a obtenu un baccalauréat en arts visuels de l’Université Laval (2006) et une maîtrise en beaux-arts de l’Université Concordia (2014). L’artiste fabrique son propre papier. Elle crée des images qu’elle répète et réinterprète, fragmente et recompose. Bertrand-Hamel a exposé au Québec, en France, au Mexique, à Cuba et au Japon. Ses œuvres font partie de collections publiques et privées (Musée national des beaux-arts du Québec, Loto-Québec, Cirque du Soleil et Musée national de la céramique (Mexique). Elle a remporté les premiers prix de Valcellina Award – International Contemporary Textile/Fiber Art Competition (Italie, 2017) et de Paper in Particular – 38 th Annual (États-Unis, 2017).
Description de l'oeuvre
L’épaisseur du papier s’intègre à quatre sections du rez-de-chaussée et du 1er étage de la bibliothèque de Pierrefonds. En contraste avec la sobriété de l’architecture, les quatre composantes de l’œuvre mettent en valeur la matérialité du papier, alors que son omniprésence en ce lieu de savoir tant à le banaliser. Ce faisant, Bertrand-Hamel travaille le papier et fouille son histoire dans l’univers du livre. Dans une optique de développement durable, l’artiste a fabriqué son propre papier à partir de fibres végétales recyclées.
Le livre en une seule feuille pliée
La découverte du papier a considérablement réduit l’espace occupé par les textes autrefois inscrits sur des tablettes d’argile, de pierre ou de bois. Le papier a toutefois une épaisseur qui le rend vite encombrant. La grande feuille bleue pliée montre la surface totale qu’occuperait un livre de poche de 900 pages.
Le rouleau et les fragments archivés
S’inspirant des manuscrits des plus anciens textes bibliques connus, Bertrand-Hamel s’interroge sur la forme que pourraient prendre les archives du futur. L’artiste invente ainsi des archives papier dont l’écriture est papier. Son rouleau est constitué de feuilles de divers formats, cousues et colorées à l’aquarelle.
L’encyclopédie et la fabrication du papier
S’inspirant des 14 planches consacrées à la papeterie dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (1751-1772), l’artiste propose une planche contemporaine de la fabrication du papier dans laquelle cohabitent, au moyen du dessin au graphite, des personnages tirés de l’Encyclopédie et contemporains, dont un autoportrait de l’artiste au travail. Les éléments contemporains renvoient au processus de fabrication du papier et à certains moments de la création de L’épaisseur du papier.
Le vide et la matérialité
Par cette feuille symbolisant la page blanche, Hamel traite de la dématérialisation tout en insistant sur la matérialité du papier. Une section de l’œuvre découpée en petits carrés maintenus par des fils crée une tache en surface, texture qui capte la lumière. La page blanche renvoie aussi à un écran dont la surface pixelisée correspond à la proportion des livres numériques sur l’ensemble des livres de la bibliothèque au moment de son agrandissement.