George Keyt est considéré comme le peintre sri lankais le plus important du XXe siècle. Autodidacte, il se voue à la peinture à l’âge de 26 ans. Inspirée par un renouveau de la tradition bouddhiste, l’art décoratif indien et la peinture moderne de Picasso et de Matisse, la peinture de Keyt est caractéristique d’une modernisation de la société sri lankaise. Reconnu également comme poète et auteur prolifique, l’artiste expose principalement en Inde et au Sri Lanka, ainsi que dans les grandes capitales occidentales. À partir des années 1960, il réalise de nombreuses murales issues de commandes publiques et privées.
Description de l'oeuvre
Ce grand vitrail lumineux orne la salle de lecture de la bibliothèque des adultes au rez-de-chaussée de l’édifice. Visible depuis la rue à travers de grandes baies vitrées, il ne peut passer inaperçu tant par sa taille monumentale que par ses qualités esthétiques particulières.
Lanka Mata ou « Mère Lanka » est une œuvre allégorique aux accents cubistes. Au centre de cette composition triangulaire sied un personnage féminin qui tient sur sa hanche un élément symbolique. L’artiste décrit ainsi son œuvre : « The central figure is a village woman shown with a water pot. The water pot, or kalasa, is a symbol of plenty, filled and carried by a village girl returning from well1 ». Autour de cette figure de la mère patrie se trouvent des personnages aux attributs ruraux, de même que des animaux. Deux panneaux représentant le soleil et la lune ne sont pas intégrés à la composition actuelle du vitrail; ils sont entreposés.
À l’origine, Lanka Mata était une peinture sur toile de George Keyt reproduite sur verre aux Whitefriars Stained Glass Studios (Royaume-Uni) à la demande des autorités ceylanaises. Après l’Expo 67, les diplomates ont pris la décision d’offrir le vitrail à la Ville plutôt que de le rapatrier au Ceylan étant donné la complexité de son transport. L’artiste n’a donc jamais eu la chance de voir cette reproduction sur vitrail de son œuvre. La toile originale ayant servi de matrice a quant à elle disparu.
1 Cette citation est tirée de George Keyt, A Centennial Anthology, publié par The George Keyt Foundation, 2001, p. 163. Ce livre sur l’œuvre complète de l’artiste a été offert à la Ville de Montréal en guise de reconnaissance par Tissa Devendra, un ami proche de l’artiste. Ce dernier effectua des recherches afin de localiser l’œuvre dont l’artiste avait perdu la trace, recherches qui le menèrent à la bibliothèque Marie-Uguay, en 2010.