Née à Strasbourg en France, la sculpteure Joëlle Morosoli vit et travaille à Montréal. Titulaire d’un doctorat de l’université Paris 8, elle poursuit une carrière artistique prolifique. Reconnue pour ses sculptures cinétiques, elle compte pas moins de 25 œuvres d’art public à son actif. L’artiste dit exploiter le mouvement et le rythme, « donner une forme au mouvement », afin de susciter des sensations et des émotions chez le spectateur. Elle expose régulièrement seule et collectivement au Québec et au Canada, en plus de participer à certaines expositions en France, en Suisse et aux États-Unis. Par ailleurs, elle cofonde la revue Espace sculpture et s’y implique en tant qu’adjointe à la direction durant une dizaine d’années. De plus, elle enseigne les arts visuels au cégep Saint-Laurent.
Description de l'oeuvre
La sculpture murale L’éclatement des styles de Joëlle Morosoli se situe à l’extérieur de l’École des métiers du meuble de Montréal, intégrée à l’école secondaire Père-Marquette. Cette œuvre cinétique réalisée en 2004 est mise en mouvement par un moteur, comme beaucoup de ses sculptures. Dans ce cas-ci, la forme du losange supporte quatre triangles en relief. Ceux-ci se déploient puis se referment, rappelant alors une pointe de diamant. Ce motif décoratif traditionnel en ébénisterie évoque clairement le travail du meuble enseigné à l’École. Les couleurs des reliefs, où alternent le doré et l’argenté, suggèrent quant à elles le caractère précieux, voire noble attribué au mobilier ancien. La sculpteure y ajoute un ruban doré et ajouré qui passe derrière la forme principale et s’enroule autour d’une colonne de l’édifice. Pour elle, ce ruban évoque le revêtement du mobilier.
Lorsque la sculpture s’ouvre, elle laisse voir un dessin aux formes rectangulaires et aux couleurs primaires – rouge, bleu, jaune –, que Morosoli qualifie de « structure modulaire ». Cette phase ouverte de l’œuvre réfère à l’art moderne des premières décennies du 20ᵉ siècle en Europe, le moment où l’art se transforme radicalement avec le développement de l’abstraction. Toutefois, la sculpture murale réalisée au 21ᵉ siècle s’inscrit, elle, dans le courant de l’art contemporain, ainsi nommé depuis les années 1960.
Cette œuvre incarne donc trois temporalités en art : la période ancienne, où l’on considère le mobilier comme un art; celle moderne, où le mobilier se renouvelle grandement à l’aune des paramètres de la modernité, transgressant la hiérarchie des beaux-arts, ceux dits majeurs : peinture, sculpture et architecture, devenue la norme; et la période récente, où l’art s’ouvre plus largement aux métiers d’art. Morosoli explique d’ailleurs que son travail sur le temps et le mouvement concerne « le passage d’une époque à l’autre [en] évoquant les influences sur la conception du meuble ». La sculpture murale L’éclatement des styles suggère ces changements esthétiques survenus au fil du temps.