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Crédit photo: Alain Chassé, 2003
Lieu
1990
RobertRoussil
1925 - 2013
Robert Roussil a fait mille et un métiers avant de s’enrôler dans l’armée canadienne de 1942 à 1944. Démobilisé, il profite de la bourse d’études offerte par le gouvernement et s’inscrit à l’École du Musée des beaux-arts. Arthur Lismer, professeur et directeur, l’encourage à poursuivre une carrière de sculpteur et l’engage pour enseigner la sculpture sur pierre. En 1949, la sculpture en bois, La famille, présentant un homme et une femme nus, est mise sous séquestre par la police. Ces événements amèneront Roussil à démissionner.
Son franc-parler, son discours social, ses relations avec les militants du parti communiste canadien et la liberté de sa production artistique font qu’il se bute souvent à la censure. Roussil se définit comme un artisan entrepreneur : relation directe avec le client sans passer par les galeries, refus des institutions. Pour lui, l’essentiel est de vivre de l’art et de faire de l’art une manière de vivre. L’art doit être dans la rue et l’artiste doit être anarchiste. Ses sculptures de bois, sphères habitables et structures monumentales à conception modulaire remettent en question, parfois de manière controversée, la fonction des espaces publics et privés.
En 1952, alors qu’il participe au Congrès des peuples pour la paix, il est séduit par l’idée de créer des symposiums internationaux pour permettre aux sculpteurs de travailler à des œuvres de grandes dimensions. Il sera à l’origine du Symposium international de sculpture de Montréal de 1964. Sa participation active à la création d’un atelier et de la Place des arts (1947-1954) démontre son intérêt pour l’action, les échanges d’idées sans censure.
En 1956, Roussil quitte Montréal et s’installe dans un moulin abandonné de Tourettes-sur-Loup, lieu qu’il transforme en jardin de sculptures. Ses œuvres, souvent monumentales, sont exposées sur la place publique, aussi bien au Québec qu’en France. On en trouve quelques-unes dans la ville de Montréal et dans les environs. Roussil a aussi réalisé un ensemble monumental de sculptures sur le toit d’une usine d’épuration d’eau à Saint-Laurent-Du-Var en France.
Dominant un terrain gazonné du parc Noël-Sud de l’arrondissement Saint-Laurent, Lieu (ou Fleur d’hiver) est une sculpture monumentale de forme modulaire. Ce type de structure, par ailleurs fréquent dans la production de l’artiste depuis les années 1960, réunit ici une soixantaine d’éléments cylindriques et d’éléments horizontaux formant un ensemble de colonnes, dont quatre verticales sont surmontées de tiges courbes rappelant des pétales de fleur.
Le titre de l’œuvre reflète quant à lui la volonté de l’artiste d’imprégner le lieu, de le façonner par la présence de l’art. Pour Roussil, ces « éléments sculpturaux […] traceront le lieu dans lequel les utilisateurs du parc pourront circuler […] tout au cours de l’année, y compris pendant les longs mois d’hiver 1. » – Roussil, 1990
Par ses formes, son matériau et sa monumentalité, cette sculpture rappelle en outre l’Hommage à René Lévesque que Roussil a créé durant la même période. La rencontre de matériaux industriels et de silhouettes organiques provoque dans les deux cas une transformation radicale du paysage dans lequel l’œuvre est présentée.
1.Extrait d’une entrevue réalisée à Montréal par Yves Robillard retranscrite dans le contrat d’exécution.