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Né en 1905 à Saint-Hilaire au Québec, Paul-Émile Borduas est une figure essentielle de l’histoire de l’art québécois et canadien. Son œuvre monumentale et l’ensemble de ses écrits ont marqué l’esthétique picturale contemporaine. Peintre avant tout, il est également reconnu comme pédagogue, théoricien, essayiste et critique. D’ailleurs lorsque, le 9 août 1948, paraît à Montréal un manifeste collectif intitulé Refus global, son principal instigateur et auteur, Borduas, et ses quinze autres signataires posent un geste esthétique et politique dont les répercussions plastiques et idéologiques vont perdurer.
Borduas fut d’abord sensibilisé à l’art par les diverses manifestations de l’art religieux. À peine âgé de dix-sept ans, il assiste Ozias Leduc dans le décor d’églises avant de poursuivre ses études à L’École des beaux-arts de Montréal de 1923 à 1927. Ses premiers travaux, qui traitent de sujets ecclésiastiques, témoignent de son intérêt pour l’art sacré. Il obtient sa permanence comme pédagogue à l’École du meuble de Montréal en 1939, où il fait connaissance d’une nouvelle génération d’artistes et de collègues avec qui il cheminera jusqu’à fonder le groupe des Automatistes. Marqué par sa découverte des mouvements de l’avant-garde européenne, notamment le Surréalisme, le Fauvisme et le Cubisme, il explore l’abstraction et obtient sa première exposition individuelle en 1942. Propulsé par ses convictions profondes quant à la nécessité d’un renouvellement politique, social et culturel auquel l’art se doit de contribuer, il se consacre plus sérieusement à la peinture à l’huile et embarque sur le chemin qui le mènera à la peinture automatiste ainsi qu’à la parution du Refus global en 1948. Ce manifeste, signé par Borduas et 15 de ses confrères et consœurs dont Jean-Paul Riopelle, Marcel Barbeau, Jean-Paul Mousseau et Françoise Sullivan, déclenche un flot de réactions en bousculant les idées reçues et en dénonçant les valeurs sclérosées d’une société noircie par l’attachement aveugle à l’autorité du clergé catholique et ses coutumes surannées. Expulsé de son poste à l’École du meuble en 1948 en raison de son point de vue radical, Borduas se consacre au projet révolutionnaire des Automatistes. Le groupe, qui se fait de plus en plus connaître sur la scène montréalaise où il est très actif, se disloque progressivement vers 1953, chaque membre désirant alors suivre sa propre voie. Après un séjour de deux ans à New York durant lequel il espère se positionner sur la scène internationale de l’art, il s’installe à Paris en 1955 ville où il compte de nombreux amis et connaissances tels que Jean-Paul Riopelle. Sa période dite « New Yorkaise » aura toutefois marqué son œuvre, qui témoigne à cette époque d’une assimilation de certaines techniques de l’expressionnisme abstrait américain. C’est toutefois à Paris que Borduas atteindra la pleine maturité artistique, proposant des chefs d’œuvres comme L’Étoile noire (1957) dans laquelle l’opposition de contrastes et la disposition calculée de taches foncées sur fond blanc s’inscrivent en tant que synthèse d’un langage plastique sophistiqué et unique. L’artiste est décédé à Paris le 22 février 1960.
Source: Musée d’art contemporain de Montréal, 2015.