Rose-Marie Goulet a réalisé de nombreuses œuvres d’art public au Québec. Formée à l’Université du Québec à Montréal (baccalauréat), à l’Université Concordia (maîtrise) et à l’École nationale supérieure du paysage de Versailles (stage), elle insiste dans sa pratique artistique sur l’aspect visuel du mot de manière à le distancer de son sens linguistique et à transformer l’espace dans lequel il se trouve. Parmi ses réalisations importantes, on compte le Monument pour A au Centre des congrès de Québec et Effets publics à l’Université Concordia, un projet collectif d’intégration de l’art à l’architecture.
Marie-Claude Robert détient un baccalauréat en architecture du paysage et une maîtrise en aménagement de l’Université de Montréal. Elle a été impliquée dans la réalisation de plusieurs projets d’envergure au Québec, dont La Cité de l’énergie à Shawinigan et le Technoparc de la Ville de Montréal. Elle a également été directrice générale de l’Association des architectes paysagistes du Québec pendant plusieurs années.
Description de l'oeuvre
Monument à la mémoire des victimes de la tragédie de l’École Polytechnique de Montréal, Nef pour quatorze reines investit entièrement le lieu et suggère un temps d’arrêt. Quatorze tertres surmontés d’une bande de granit noir portent le nom de chacune des victimes : Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Barbara Klucznik-Widajewicz, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault et Annie Turcotte. Les tertres sont étalés sur toute la surface de cet espace long et étroit, incitant ainsi le passant à déambuler dans ce parcours de réflexion et de méditation.
Les noms et prénoms des 14 femmes prennent forme dans le vide des lettres – symbole de l’absence – et à travers le contraste entre la pierre et l’acier inoxydable – évoquant respectivement la commémoration et la profession d’ingénieur. Engagé dans une lecture lente des lettres, le spectateur reconstitue progressivement l’identité des victimes comme autant de manières de faire ressurgir de l’oubli les traces d’une mémoire sensible. Par cette expérience individuelle du lecteur, l’œuvre subsume l’identité et le destin de ces femmes sous des enjeux collectifs d’importance comme la non-violence, le respect et la mémoire.
« Notre œuvre est un mémorial qui intègre le site et le monument à un même geste commémoratif en souvenir des 14 jeunes femmes. L’évocation des disparues devient site et le site devient lieu de mémoire. Ce mémorial invite de la sorte les promeneurs à une forme de communication à la fois visuelle et spirituelle, qui place au centre d’un paysage événement commémoratif et lieu de méditation et de recueillement. 1 » (1999)
1: Rose-Marie Goulet, citée dans Communiqué du Service de la culture de la Ville de Montréal, le 6 mai 1999.