Né à Floridia en Sicile, le sculpteur et peintre Joseph Guardo s’établit à Montréal en 1926. Il y occupe deux ateliers : d’abord sur le boulevard Saint-Laurent, puis sur la rue Rachel Est. En façade de ce dernier atelier, il se présente en tant que statuaire. Toutefois, sa pratique est plus diversifiée. Jusqu’en 1970, il réalise certes nombre de statues, de bas-reliefs, de monuments funéraires, en plus de médaillons, linteaux et chapiteaux, mais également des murales réalisées en peinture et d’autres en carreaux de céramique émaillée. Il met ainsi en œuvre divers matériaux : bronze, bois, marbre et pierre, ainsi que peinture et céramique. Il exerce une pratique tant privée que publique. Parmi les œuvres montréalaises de Guardo, notons celles au Jardin botanique, aux postes de pompier et de police de Saint-Henri, à un marché public, un centre de loisirs et des écoles, ainsi qu’aux théâtres Château et Monkland. À cela s’ajoutent de nombreuses œuvres religieuses créées pour des communautés, des églises et l’Oratoire Saint-Joseph.
Description de l'oeuvre
En façade de l’école Saint-Barthélemy, pavillon des Érables, on remarque deux bas-reliefs : un représente une fille assise à un bureau qui lit, à proximité de papiers, d’un encrier et d’un globe-terrestre et un autre, un garçon également assis à un bureau qui écrit. Clairement associé à l’esthétique Art déco, cet ensemble créé en 1932 par Joseph Guardo, avec élégance et souci du détail, en présente des motifs stylisés caractéristiques : des fleurs abondantes, un soleil irradiant et des figures féminines allégoriques qui symbolisent la connaissance, dont l’une tient un flambeau et l’autre, un parchemin. Le mot école s’imbrique dans une flamme du flambeau et le mot savoir, dans un rayon solaire. De tels bas-reliefs Art déco, avec leur monochromie, leurs formes arrondies, leur commémoration de la fonction éducative du lieu et leur intégration à une architecture sobre, participent de la novation artistique et architecturale des années 1930.
Les bas-reliefs figurant un écolier et une écolière, ainsi que les inscriptions filles et garçons gravées dans la pierre en-dessous, indiquaient aux filles et aux garçons leur entrée respective à l’époque. En ce sens, ces bas-reliefs développés par Guardo répondent à une fonction signalétique qui s’accentue alors. Par exemple, l’artiste avait réalisé peu avant, en 1927, l’équivalent en façade de l’école Hélène-Boullé. Les représentations d’écolier et d’écolière, au traitement esthétique réaliste toutefois, signalaient aussi leur voie aux élèves. Par ailleurs, Guardo réalise plus tard, en 1961, une murale en carreaux de céramique émaillée à l’intérieur de l’école Louise-Trichet, réservée aux filles. Elle représente des religieuses qui enseignent d’ailleurs à de jeunes filles.