

Le travail d’Abbas Akhavan va de l’installation éphémère in situ au dessin, à la vidéo, la sculpture et à la performance. Ses recherches sont profondément influencées par la spécificité des sites où il travaille : les architectures qui les accueillent, les économies qui les entourent et les personnes qui les fréquentent. La sphère domestique, qu’il conçoit comme un espace oscillant entre hospitalité et hostilité, est un sujet de recherche continu dans sa pratique. Des œuvres plus récentes se sont penchées sur des espaces et des espèces situés en marge de la maison : le jardin, la cour et d’autres paysages domestiques.

Description de l'oeuvre
Dans cette édition de Dazibao satellite sont présentées deux œuvres d’Abbas Akhavan. Bien que l’artiste ait soigneusement réfléchi à chaque site individuellement et séparément, les deux œuvres semblent invoquer des ambigüités liées aux espaces publics ou domestiques et référer à des réflexions elliptiques s’échelonnant sur plusieurs années, voire plusieurs époques.
Au Café Cherrier, Omay, Djamal, Albert. hiver 1982, propose une photo que l’artiste a trouvée en 2006, à même le sol, non loin du billboard, dans le quartier du Plateau Mont-Royal. Le titre est emprunté à l’inscription au dos de l’image, montrant ce qui semble être un moment de convivialité entre trois jeunes hommes, mais dont on ne sait pas grand-chose. Jusqu’à ce jour, ces personnages demeurent inconnus de l’artiste. Dès lors, leur exposition dans l’espace public à un aussi grand format est un geste au statut et au potentiel équivoques.
Je vous écris afin de proposer un projet photographique pour la façade du Café Cherrier sur la rue Saint-Denis. Lorsque je suis déménagé à Montréal en 2002, je me souviens d’avoir vu vos espaces satellites. Ils étaient déroutants et fascinants. En tant que jeune étudiant en art, j’étais incertain quant à l’intention des panneaux, je ne savais pas si je regardais de la publicité ou de l’art. Ces ambiguïtés dans un tel espace public ont retenu mon attention pendant longtemps — pour plus de seize ans, évidemment. En 2004, après avoir obtenu mon diplôme à l’Université Concordia, mes études m’ont conduit de Montréal à Vancouver, mais je suis revenu à Montréal aussi souvent que j’en avais les moyens. En 2006, alors que je marchais sur la rue Duluth, juste après Saint-Denis, j’ai trouvé une photographie sur le sol. L’image en noir et blanc montre trois hommes assis autour d’une table. Au dos de la photo, on peut lire « Omay, Djamal, Albert, hiver 1982 ». Cette photographie est accrochée à mon mur depuis de nombreuses années, mais j’ai toujours voulu la remettre dans son contexte d’origine.
Je vous remercie de prendre en considération ma proposition. » — Abbas Akhavan