Marcelle Ferron est née à Louiseville, près de Trois-Rivières, en 1924. Après des études à l’École des Beaux-Arts de Québec (1941-42), sous la direction de Jean-Paul Lemieux, Marcelle Ferron se distingue sur la scène montréalaise, dès le milieu des années quarante, parmi les jeunes artistes à la conquête de l’art vivant. Ayant fait la connaissance de Paul-Émile Borduas en 1945, elle participe aux manifestations et expositions de l’aventure automatiste de 1946 à 1953. Cosignataire du « Refus global », Ferron demeure fidèle, au long d’une carrière exigeante et cohérente, aux principes esthétiques sous-tendant la théorie automatiste, à savoir le respect du geste, primordial à l’obtention d’une œuvre à caractère authentique. Un long séjour à Paris de 1953 à 1965, la rapproche des tenants de l’abstraction lyrique : sa peinture abstraite, agitée d’éclats tumultueux, traversée de mouvements et de contrastes, cède graduellement le pas à la couleur-lumière, révélée par et à travers des blancs très purs. Femme engagée, elle s’implique dès son retour au Québec en 1966 dans diverses luttes démocratiques, syndicales et indépendantistes. Fascinée par les multiples propriétés et possibilités du verre antique, elle entreprend des recherches en usine sur des méthodes de fabrication du verre et ses applications dans la composition de vitraux et de verrières. Comme maître verrier, Marcelle Ferron a apporté de nombreuses contributions à l’architecture et à l’art public. Première femme artiste à recevoir le prestigieux Prix Paul-Émile Borduas, elle aura inspiré toute une génération d’artistes en œuvrant pour assurer une place aux femmes dans un domaine des arts largement dominé par les hommes. Son impact en tant qu’artiste engagée a d’ailleurs été souligné plus d’une fois. En plus d’avoir remporté la médaille d’argent de la Biennale de Sao Paulo, au Brésil, en 1961, elle a été nommée Grand officier de l’Ordre national du Québec en 2000. La même année, le Musée d’art contemporain de Montréal lançait une rétrospective majeure de son œuvre, laquelle traçait un parcours imprégné d’émotions et marqué de rigueur. Marcelle Ferron est décédée à Montréal, en 2001.
(Source : Musée d’art contemporain de Montréal)
Description de l'oeuvre
Cette œuvre commémorative affiche dans une abstraction polychrome chacune des lettres composant le mot shalom (« paix » en hébreu). Cependant, elle montre des caractères effondrés, saccagés, comme pour mieux exprimer toute l’atrocité de l’holocauste. Au dire de Marcelle Ferron elle-même, le verre rouge du lettrage représente le feu. Scindé en deux par un éclair fulgurant, le vitrail décline sa palette de bas en haut, du sombre au clair. De son faîte émane un lumineux rayon d’espoir.