De par sa grande proximité avec son environnement et ceux qui l’habitent, l’œuvre d’art public est un véritable pont entre la culture et la communauté qui l’accueille. Cela l’expose aux regards de tous, mais aussi, malheureusement, à tous types de dégradations.
La conservation des œuvres d’art public est un enjeu actuel. L’Université Concordia, avec près de 40 œuvres d’art sur ses deux campus, est au fait des problématiques liées à la vulnérabilité de l’art public aux intempéries et aux interventions humaines. C’est avec un solide programme de conservation et une équipe de conseillers que l’Université veille à la pérennité de ses œuvres d’art, que ce soit par l’entretien, la prévention ou la restauration.
Chaque œuvre est unique et nécessite des soins spécifiques. La sculpture Sans titre (1966) de Claude Théberge, située du côté sud de la place Norman-Bethune, a récemment fait l’objet d’interventions de conservation.
Cette sculpture est initialement conçue afin d’esthétiser un évent d’aération et devait ne faire qu’un avec les structures environnantes. En ce sens, l’artiste a choisi d’utiliser comme matériau un béton texturé auquel il intègre une horloge. Puis un jour, l’œuvre est entièrement peinte en blanc. L’horloge disparaît et l’apparence d’origine de l’œuvre s’efface progressivement de nos mémoires.
En 2015, l’œuvre de Théberge sert de canevas à des graffiteurs. L’Université intervient rapidement et commande les services de nettoyeurs. Seulement, dû à la porosité de son matériau, le nettoyage cause davantage de tort que de bien à la sculpture : sous la pression des jets d’eau, la peinture s’incruste plus profondément dans le béton.
Une équipe de conservateurs est alors mandatée pour effectuer la restauration de l’œuvre. Après de nombreuses heures de travail minutieux, l’œuvre de Théberge est entièrement débarrassée des graffitis. Ayant appris de cette mésaventure, les conservateurs décident de prévenir toutes autres dégradations de l’œuvre et traitent celle-ci avec un anti-graffiti qui protège aussi contre la pollution.
L’anti-graffiti est transparent, imperceptible à l’œil nu et son application est réversible : mieux vaut prévenir que guérir !