Née à Montréal, Sylvia Daoust étudie le dessin et la sculpture au Conseil des arts et manufactures et ce dès 1915, alors qu’elle n’a que 13 ans. Première femme à s’inscrire à l’École des beaux-arts de Montréal, elle est diplômée en 1929. Elle remporte, ex æquo, le premier prix du concours interprovincial organisé par Lord Willingdon, le vice-roi canadien.
De 1943 à 1968, elle devient professeure à l’École des beaux-arts de Québec, puis à l’École des beaux-arts de Montréal. Elle y enseigne le dessin, l’anatomie, le modelage et la sculpture sur bois et sur pierre. Elle est membre de l’Académie royale du Canada, de l’Ordre du Canada et de l’Ordre national du Québec. Elle a participé à plusieurs expositions au Canada, en Italie et aux États-Unis.
D’abord sculpteure, Sylvia Daoust a aussi pratiqué le dessin, la gravure et la peinture. Sa première commande importante est le bronze du frère Marie-Victorin figurant à l’entrée du Jardin botanique de Montréal en 1951. À l’époque, plusieurs sont offusqués qu’une femme soit choisie pour la réalisation de cette sculpture.
Sa rencontre avec Dom Bello, l’architecte de l’Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac, sera déterminante pour sa carrière. Celui-ci lui demande de travailler à la décoration de l’Oratoire Saint-Joseph avec le sculpteur français Henri Charlier. La carrière artistique de Sylvia Daoust est longue et prolifique. Son œuvre compte des portraits, des bustes, des médailles, des sculptures sur bois, sur pierre et des bronzes, dont ceux de Nicolas Viel sur la façade de l’Assemblée nationale, Marguerite Bourgeois et Marguerite d’Youville à la basilique Notre-Dame, Jeanne d’Arc à l’Oratoire Saint-Joseph, la Vierge Marie, Reine de l’Univers dans l’abside de la cathédrale Marie-Reine-du-Monde. L’œuvre de Sylvia Daoust appartient à une période de renouveau de l’art religieux. L’artiste a aussi réalisé quelques œuvres abstraites, pour elle-même. Elle admirait le travail d’Henry Moore et l’audace d’Armand Vaillancourt qui fut l’un de ses élèves.
Description de l'oeuvre
Ce bronze représente Édouard Montpetit, premier secrétaire de l’Université de Montréal en 1920. La statue grandeur nature est posée sur un socle en pierre Indiana, sur lequel sont gravées les références au personnage : son nom, ses dates de naissance et de mort ainsi que les professions qu’il a exercées : avocat, économiste et sociologue. À l’arrière, 3 monolithes sculptés de 4,8, 4,2 et 3,9 mètres de hauteur symbolisent également ces disciplines. Deux bancs complètent l’ensemble installé sur un dallage circulaire en granit de Saint-Alban. Pour réaliser cette œuvre, Sylvia Daoust a été assistée par le sculpteur Gaétan Therrien. Le bronze a été coulé par Roman Bronze Works Inc., une compagnie de New York spécialisée dans le moulage à la cire perdue.
L’artiste a tenu compte des bâtiments et de l’environnement lors de la création de la sculpture. La couleur de la pierre s’harmonise avec le revêtement de brique chamois, tandis que les monolithes l’isolent des bâtiments environnants. L’œuvre, située entre le pavillon J.-A.-DeSève et les résidences étudiantes, est visible depuis la rue et du haut de l’escalier.
Cette sculpture a été commandée par la Fondation Édouard-Montpetit, 13 ans après la mort de ce dernier (1881-1954). Montpetit est une personnalité marquante dans l’histoire de l’Université de Montréal. Il a fondé l’École des sciences sociales, économiques et politiques, devenue la Faculté des sciences sociales en 1972. Il a en outre été professeur à la Faculté de droit et à l’École des hautes études commerciales de Montréal. Le rayonnement de cet homme de lettres dépasse le cadre de l’institution et s’inscrit dans l’histoire du Québec.
Tout en demeurant fidèle à son modèle, Sylvia Daoust n’en livre pas une copie servile, mais épurée et expressive. Cette œuvre témoigne également de sa maîtrise du bronze et de la pierre. En entourant la sculpture de monolithes aux formes abstraites, l’artiste la situe dans la modernité.