Né à Soissons (France) de parents russes, Nicolas Sollogoub (1925-2014) s’est installé au Québec dans les années cinquante. Parallèlement à sa carrière de décorateur à Radio-Canada, où il a travaillé auprès de Frédéric Back, il a mené plusieurs projets tant patrimoniaux qu’artistiques. Notons par exemple la restauration du Château Dufresne à Montréal (1976 – 1977), sauvé de la destruction lors de la construction du Parc olympique, la mise au point de publicités cinétiques dans le métro (par la suite abandonnées) ainsi que la réalisation de vitraux dédiés à Samuel de Champlain à l’église Saint-Paul et Saint-Pierre de Brouage (France). Sa création la plus connue est sans doute La vie à Montréal au XIXe siècle, une verrière constituée de 1200 panneaux et dernière œuvre d’art du métro qui prend source dans l’histoire de la ville de Montréal. En 2014, le musée d’archéologie et d’histoire de Pointe-à-Callière ajoute à sa collection permanente une œuvre de l’artiste, intitulée 1701. La Grande Paix de Montréal. Cette majestueuse verrière fait partie intégrante de l’exposition Ici naquit Montréal.
La démarche de Sollogoub trahit une conscience profonde de l’histoire et du patrimoine. Ses vitraux installés dans l’église Saint-Paul et Saint-Pierre de Brouage, inspirés par des croquis laissés par Champlain lui-même, ou encore La vie à Montréal au XIXe siècle, où figurent les deux premiers maires de Montréal, Jacques Viger et Peter McGill, sont autant d’exemples du désir de l’artiste de créer un dialogue avec le passé. En établissant des relations entre hier et aujourd’hui, entre les communautés francophone et anglophone, entre le Nouveau et le Vieux Monde, Sollogoub soulignait, tout compte fait, la nécessité de se souvenir et les devoirs de mémoire.
Description de l'oeuvre
Constituée de cinq verrières, elles-mêmes composées de 1200 plaques de verre coloré, l’œuvre La vie à Montréal au XIXe siècle permet à Nicolas Sollogoub de démontrer à la fois sa maîtrise technique du verre ainsi que sa sensibilité au patrimoine et à l’histoire.
Sollogoub amorce un dialogue entre les deux héritages linguistiques de Montréal en illustrant le premier maire de la ville, Jacques Viger, ainsi que son successeur, Peter McGill, respectivement francophone et anglophone. En les représentant côte à côte, il souligne l’unicité de Montréal comme ville au confluent de multiples langues et cultures. Cette œuvre ne pose toutefois pas un regard figé sur l’histoire. Au contraire, l’artiste illustre un enchaînement dynamique d’événements survenus à Montréal et dont les impacts se font encore ressentir. En évoquant par exemple l’émergence de la Gazette littéraire de Montréal au 18e siècle, ou l’industrialisation de la ville aux 19e et 20e siècles, Sollogoub rappelle les devoirs de mémoire des citoyennes et citoyens afin de mieux comprendre leur métropole.
Notons que l’œuvre a été retirée de la station pour sa restauration de décembre 2012 à juin 2016. Grâce au travail des artisans du Centre de conservation du Québec, les plaques de verre ont été nettoyées afin de redonner à l’œuvre son éclat d’avant. Cette restauration s’est faite de concert avec les architectes et les ingénieurs de la STM, qui ont ramené l’œuvre à son hauteur originale et remplacé les néons des verrières par des diodes électroluminescentes. Réinstallée de nuit, l’œuvre est de retour à la station McGill où les voyageurs peuvent apprécier son éclat nouveau.