Née en 1930 à Thurlow, dans le Suffolk, Elisabeth Frink étudie à la Guildford School of Art de 1947 à 1949, puis à la prestigieuse Chelsea School of Art jusqu’en 1953. Au moment où elle fait son entrée sur la scène artistique, la sculpture connaît une grande popularité, tant dans le public qu’auprès des collectionneurs. À la fin de ses études, Frink est reçue avec enthousiasme au sein du milieu artistique londonien. Dès 1953, la Tate Gallery acquiert une de ses œuvres, Bird [Oiseau], sur un thème qui l’occupera durant deux décennies. La même année, Frink présente sa première exposition à la Beaux Arts Gallery de Londres, alors dirigée par Helen Lessore. Elle commence également à enseigner à Chelsea et à la Saint Martin’s School of Art. Au cours de sa longue et prolifique carrière, de nombreux prix lui sont décernés. Elle reçoit des doctorats honorifiques, notamment des universités du Surrey (1977), de Cambridge (1988) et d’Oxford (1989). Nommée Dame commandeur de l’ordre de l’Empire britannique en 1982, elle est décédée à Blandford Forum, en Angleterre, en 1993.
Description de l'oeuvre
« « In memoriam I » et « In memoriam II » (1981) sont deux têtes d’hommes en bronze de taille monumentale. L’œuvre, produite en une édition de six exemplaires, est conçue comme une paire indissociable. Les traits des visages sont quelque peu simplifiés et équarris. Frink donne une finition à son œuvre en taillant des lignes brutes, donnant l’effet de rides ou de cicatrices. « In Memoriam I » a la tête légèrement tournée vers la droite et cet angle laisse entrevoir une tension musculaire dans le cou. La deuxième tête, « In Memoriam II », est centrée et regarde droit devant ce qui crée un contraste visuel au sein du duo.
Les visages des deux hommes laissent transparaître des regards vides et intériorisés. Leur réserve exprime une force masculine et un air héroïque. L’état d’esprit que Frink parvient à communiquer évoque les rudes réalités humaines. Comme le titre de l’œuvre peut le laisser entendre, In Memoriam est un hommage aux victimes de guerre. Frink décrit son oeuvre ainsi : « The group of heads that I started in 1975, a group of four heads with their eyes shut, are the Tribute heads and refer to people who have died for the beliefs. In a sense these sculptures are a tribute to Amnesty International. The more recent heads of 1981, which I call In Memoriam and which form a pair, have their eyes open but are still an extension of the same theme: people who have been tortured for their beliefs, whatever they are. » C’est la vitalité, la force et la vulnérabilité qui intéresse Frink et elle parvient à faire transparaître ces émotions complexes avec une exactitude remarquable. »