Le monde intérieur est une œuvre murale monumentale qui s’élève sur les quatre étages d’un mur aveugle. Elle se présente comme une composition formelle de plans colorés superposés. Sa simplicité est toutefois illusoire : ces formes élémentaires aux couleurs vives sont en fait des transpositions visuelles issues de techniques d’impression par lesquelles se forment glacis et transparences. Les couleurs ont été reproduites avec une extrême exactitude, créant l’effet d’une sérigraphie qui aurait été réalisée à même le mur. De faux collages s’ajoutent à l’ensemble et l’effet de déchirure complète le jeu de trompe-l’œil qui se déploie sous nos yeux.

Réalisée sur l’édifice du Centre interculturel Strathearn, cette œuvre entre en résonnance avec l’idée d’un bâtiment disparu. Évoquant les différentes pièces d’un intérieur vu en coupe, les volumes divisent la surface à la manière d’un plan d’architecte. Ce plan-ci, toutefois, ne délimite pas les espaces avec précision. Au contraire, c’est un plan qui brouille les pistes et déjoue notre perception. Telle l’extension visuelle de ce qui aurait été vécu en ces lieux, les couleurs qui en émanent sont les témoins tardifs d’une cartographie du passé.