Sylvie Bouchard vit et travaille à Montréal. Elle a fait des études en arts visuels à l’Université d’Ottawa et se consacre à la peinture depuis le début des années 1980. Elle est récipiendaire de nombreuses bourses du Conseil des arts et des lettres du Québec et du Conseil des arts du Canada. Son travail fait l’objet d’expositions individuelles, notamment au Musée d’art contemporain de Montréal (2005), au Musée régional de Rimouski (1997) et à la Southern Alberta Art Gallery de Lethbridge en Alberta (1993). Elle a participé à de nombreuses expositions collectives à travers le Canada et à l’étranger. Ses œuvres figurent dans plusieurs collections publiques dont, notamment, celles du Musée des beaux-arts de Montréal, du Musée d’art contemporain de Montréal, du Musée national des beaux-arts du Québec, du Musée régional de Rimouski, de la Banque nationale du Canada à Montréal, de la Banque Royale du Canada à Toronto, de la Banque d’œuvres d’art du Conseil des arts, du Conseil des arts du Canada et de nombreuses collections particulières.
Description de l'oeuvre
Les sujets de prédilection de Sylvie Bouchard dans les années 1990 se retrouvent dans cette peinture murale : l’architecture, l’espace et la technique picturale.
En entrant dans la bibliothèque, le spectateur longe une longue peinture murale, rythmée par des arcs qui divisent une architecture intérieure en plusieurs pièces. Les lieux représentés semblent étranges : les cloisons n’ont pas d’épaisseur, pas de plinthes, ni de moulures; aucune fenêtre n’ouvre vers l’extérieur, et l’absence de mobilier ne permet pas d’attribuer une fonction précise aux lieux figurés. Pourtant, cette architecture factice tisse des liens avec l’espace réel où elle est présentée. Par exemple, les arcs qui divisent les pièces font écho à la forme des fenêtres de l’édifice; les personnages figurés, qui interpellent le regard avec leurs vêtements de couleur rouge, semblent de passage, tout comme les usagers de la bibliothèque dans cette entrée; finalement, les couleurs satinées de l’huile rappellent les teintes du cuir des livres reliés.
Par le mouvement du spectateur, les pièces se succèdent, l’engageant à franchir les portes représentées et à laisser son regard circuler dans cette ambiance énigmatique, pour se déplacer vers d’autres espaces plus familiers, ceux de la bibliothèque du Collège.
Intégrée au mur de l’édifice, la peinture murale occupe tout l’espace. En l’absence de cadre en relief, une continuité s’installe entre la représentation et la bibliothèque, incitant le spectateur à se situer dans l’architecture figurée et réelle.
En plus d’engager une réflexion sur l’espace, Sylvie Bouchard s’appuie sur la tradition picturale dans Les Chambres colorées. Les lieux représentés sont composés de plans colorés qui rappellent les tableaux de l’abstraction géométrique. Mais, disposés selon les règles de la perspective mathématique linéaire à point de fuite, telles qu’appliquées à partir de la Renaissance, ces plans ressemblent davantage à des décors scéniques. Ils dégagent une atmosphère mystérieuse. En plus de la profondeur, d’autres éléments réfèrent à la peinture classique, tels les rideaux qui rappellent les nombreux drapés dans les tableaux, la couleur rouge fréquemment utilisée dans les portraits d’apparat ou encore la technique picturale à l’huile satinée qui ressemble à celle des fresques. Certains reconnaitront même, dans les oranges poussées par le personnage central de l’œuvre, celles posées près de la fenêtre des Époux Arnolfini de Jan Van Eyck. La peinture murale Les chambres colorées demande qu’on s’y attarde car, tout comme une bibliothèque, elle est un espace de connaissance.