Armand Filion est diplômé de l’École des beaux-arts de Montréal (1927-1931) où il a commencé ses études à l’âge de 17 ans. À peine âgé de 21 ans, il devient ensuite professeur de dessin à la Commission des écoles catholiques de Montréal. Sa rencontre avec l’architecte français Dom Bellot est déterminante, c’est celui-ci qui l’oriente vers la sculpture. De 1942 à 1968, en plus de réaliser plusieurs projets de sculptures religieuses et d’intégrations à l’architecture, il enseigne à l’École des beaux-arts de Montréal, où il fonde la section sculpture jusque-là inexistante.
Description de l'oeuvre
Le sculpteur Armand Filion réalise, en 1956, deux reliefs en métal coulé, ajouré et peint en blanc qui contrastent avec la pierre noire qui les supporte. Ce diptyque se situe de part et d’autre de l’entrée du Centre administratif de la Commission scolaire de Montréal, alors nommée la Commission des écoles catholiques de Montréal. Ces reliefs commémorent la fonction éducative de l’institution, car chacun des personnages principaux dispense son enseignement à trois personnes dans un décor naturel bucolique, bien qu’anachronique au regard de la ville contemporaine qui se modernise.
Le panneau de gauche montre une enseignante laïque et celui de droite, un religieux. Cette représentation d’enseignants tant laïque que religieux en façade du Centre administratif correspond alors à la réalité en changement depuis les années 1930 et 1940, où l’enseignement est livré par presque autant d’enseignants religieux que laïques, bien que le nombre de religieux décroisse. Ce phénomène s’accentue dans les années 1950 et plus fortement ensuite. Il faut savoir qu’au Québec, la déconfessionnalisation du système scolaire s’amorce bien après, en 1998, avec la création des commissions scolaires linguistiques et non plus confessionnelles. L’œuvre du sculpteur témoigne donc de la place encore bien réelle de religieux dans les écoles à l’époque.
Par deux fois déjà, Filion avait travaillé pour la commission scolaire, réalisant, en 1951, des bas-reliefs en pierre en façades des écoles primaires Sainte-Bernadette-Soubirous et Saints-Martyrs-Canadiens. Mais ses reliefs à l’extérieur du Centre administratif de la Commission scolaire modifient sa pratique habituelle de la taille directe de la pierre par la mise en œuvre du métal cette fois. Ce passage du travail de la pierre à celui du métal, un cas rare chez l’artiste, participe de la transformation majeure qui s’opère dans les années 1950 en sculpture publique au Québec.