Armand Filion est diplômé de l’École des beaux-arts de Montréal (1927-1931) où il a commencé ses études à l’âge de 17 ans. À peine âgé de 21 ans, il devient ensuite professeur de dessin à la Commission des écoles catholiques de Montréal. Sa rencontre avec l’architecte français Dom Bellot est déterminante, c’est celui-ci qui l’oriente vers la sculpture. De 1942 à 1968, en plus de réaliser plusieurs projets de sculptures religieuses et d’intégrations à l’architecture, il enseigne à l’École des beaux-arts de Montréal, où il fonde la section sculpture jusque-là inexistante.
Description de l'oeuvre
En 1951, Armand Filion crée deux séries de bas-reliefs en pierre calcaire exécutés de part et d’autre des deux entrées de l’école Sainte-Bernadette-Soubirous. De gauche à droite, l’œuvre retrace la vie de Bernadette Soubirous. On y remarque la disposition angulaire de certains reliefs qui donne du volume, l’arrondi des extrémités et le fond texturé qui contraste avec les figures lisses. Filion est alors professeur de sculpture à l’École des beaux-arts de Montréal depuis près d’une décennie et réputé tant pour sa sculpture d’atelier que pour sa « sculpture architecturale », un terme d’époque qui exprime bien le lien de la sculpture avec l’édifice. D’ailleurs, l’Institut royal d’architecture du Canada lui décernera, en 1953, la première Médaille des arts alliés.
Ce rapport art-architecture s’incarne chez Filion par la technique de la taille directe de la pierre sur le chantier même de l’école, aidé en cela par les futurs artistes Pierre Bourassa et Jean-Pierre Boivin, alors ses élèves en sculpture. Les petites esquisses de Filion l’incitent à poursuivre la composition de l’œuvre en tenant compte des particularités du site. Comme l’exécution dure quatre mois, le sculpteur peut moduler les volumes des personnages en fonction des zones éclairées et ombragées par la lumière naturelle sur l’édifice. Il peut aussi adapter les dimensions de leurs formes en fonction des proportions de l’école, son échelle, les rendant plus élancées ou trapues que nature.
L’originalité des bas-reliefs commémorant la sainte réside à l’époque dans la facture moderne de cet art religieux. À peine achevés, ils suscitent des éloges, devenant la sculpture architecturale la plus commentée par des critiques d’art et d’architecture réputés. De 1951 à 1954, ces écrits favorables se retrouvent dans les quotidiens La Presse et La Patrie, et dans les revues Arts et pensée et La Revue moderne. Ces critiques apprécient la modernité des formes et des surfaces simplifiées et sans perspective, bien qu’expressives, et la liberté assumée par l’artiste face à la ressemblance au sujet imposé.
Armand Filion débute sa relation avec l’ancienne Commission des écoles catholiques de Montréal, devenue la Commission scolaire de Montréal, dès 1931. Il y enseigne le dessin durant plusieurs années. Puis en 1951, il réalise des bas-reliefs en pierre pour une seconde école, soit deux médaillons figurant les saints Martyrs canadiens à l’extérieur de l’école du même nom. En 1956, la Commission scolaire accueille une troisième œuvre, en métal cette fois, en façade de son nouveau Centre administratif.