Né à Madrid en 1929, Luis Feito a étudié à l’École des beaux-arts de San Fernando. Ses voyages l’ont amené à Paris en 1956. Actif dans les mouvements d’avant-garde, l’artiste expose en France et en Espagne. Ses premières peintures comportent des éléments figuratifs, la ligne et le dessin dominant sur la couleur. Après une incursion vers le cubisme, Feito se tourne vers l’abstraction lyrique.
Feito fonde avec d’autres le groupe El Paso (1957), un des mouvements les plus influents de la peinture espagnole de la seconde moitié du 20e siècle. À partir de 1964, la couleur s’impose : d’épaisses masses de teintes vives s’organisent en rythmes simples et s’opposent souvent à de vastes aplats unis en des diptyques. Dans sa phase abstraite, y compris dans les années 70, l’artiste montre une forte tendance à la simplification, le cercle domine désormais ses oeuvres. Son travail des années 1980 confirme son intérêt pour la clarté géométrique des grandes touches colorées. Il réside à Montréal de 1981 à 1983, pour ensuite s’établir à New York au début des années 1990. Il expose notamment au Musée du Québec à Québec, au Musée d’art contemporain et à la Galerie Gilles Corbeil à Montréal.
Ses œuvres figurent parmi les collections de grands musées, dont le Musée Guggenheim à New York et le Musée national d’art moderne de Paris. Reconnu internationalement, Luis Feito a remporté divers prix, dont un à la 1re Biennale de Paris en 1959, le Prix David Bright de la 30e Biennale de Venise réservé aux artistes de moins de 45 ans. Par ailleurs, il a été décoré de l’Ordre des arts et des lettres de France. Il vit maintenant à Madrid.
Description de l'oeuvre
Dans ce tableau monumental, le contraste entre l’immense cercle rouge et le fond orangé crée une tension entre les deux surfaces. Les formes arrondies, en bas vers la droite, l’une jaune clair, l’autre jaune orangé, sont contenues dans un rectangle. Alors que tout semble contrôlé et géométrique, la poésie vient de la trace noire interrompue. Cette œuvre, bien qu’elle n’ait pas été conçue pour ce vaste lieu, s’y intègre parfaitement. Sa luminosité éclaire les murs de béton brut et ses couleurs vives font écho aux éléments structuraux du bâtiment également peints de couleurs vives.
La majorité des œuvres de Luis Feito, dans les années 60, s’inscrivent dans le courant de l’abstraction lyrique. Ici, l’artiste oscille entre l’abstraction géométrique, avec la géométrisation des formes, le contraste entre la monochromie du cercle rouge et l’arrière-plan en aplats colorés, ainsi que l’abstraction lyrique avec la bande de peinture noire, avec un geste tout en retenue.
L’ocre, le noir et différentes teintes de blanc se côtoient jusqu’au moment où apparaît, vers 1960, une tache rouge qui crée un contrepoint aux grandes giclées de peinture noire. L’artiste peint avec une matière épaisse comprenant du sable, du gravier fin et de l’huile de lin. Puis, s’ajoute une palette plus discordante avec des teintes de vert et de jaune. Les formes restent principalement arrondies. Le geste ralentit progressivement, devenant limité, au contraire d’autres peintres lyriques. La pâte se fait moins épaisse, les aplats colorés. Cette période s’achève avec une série de peintures blanches.
Puis, dans les années 1990, des formes géométriques angulaires, particulièrement le triangle, envahissent l’espace dans lequel la gestualité renaît, avec le retour à l’abstraction lyrique. Depuis les années 2000, le rouge appliqué avec une gestuelle très ample se marie principalement avec le noir et le blanc.