Gilles Mihalcean est né en 1946, à Montréal, où il vit et travaille. Référence en matière de sculpture (Prix Paul-Émile-Borduas, 2011), il s’implique dans le monde des arts autant comme artiste que comme auteur, commissaire et enseignant.
Ayant réalisé plusieurs œuvres d’art publiques, Gilles Mihalcean a tenu plusieurs expositions solos et ses œuvres figurent dans plusieurs grandes collections publiques et privées canadiennes.
Dans ses œuvres, Gilles Mihalcean accorde une place importante à la disposition des volumes dans l’espace à partir d’un emploi de matériaux variés. Son processus de création confère à ses œuvres un caractère narratif indéfini, ouvrant ainsi la possibilité à une multitude d’interprétations.
Description de l'oeuvre
Située au bout de la promenade qui relie le Centre d’histoire de Montréal et le musée d’archéologie et d’histoire Pointe-à-Callière, sur une place décrite par ses architectes comme « une courtepointe de trottoirs et de verdure », La Peur rassemble des éléments hétérogènes d’une grande importance symbolique. Sur une dalle de granit est érigée une croix formée d’un complexe assemblage de tiges d’acier carrées. Au sol, un disque d’aluminium doté d’un doigt (index), moulé d’après celui de l’artiste, s’appuie sur la croix alors qu’un bloc de grès, de calcaire et de marbre est déposé sur la dalle. Plus loin, une pierre de granit peinte en vert se trouve quelque peu à l’écart.
Faite à partir de matériaux fabriqués, transformés ou bruts, La Peur reflète les différentes étapes du développement de la civilisation. Le caillou et le bloc fait de strates de pierres réfèrent à des temps plus anciens. La croix, symbole incontournable de la chrétienté, rappelle la participation active de la religion dans le développement du Québec; d’un point de vue géographique, elle est l’écho, à échelle humaine, de la croix du mont Royal. Sa forme inusitée évoque par ailleurs un satellite placé en orbite dans l’espace. Le doigt, inséré dans le disque transformé en bouclier, se lit quant à lui comme une métaphore de la peur.
Ce singulier assemblage inspiré des souvenirs d’enfance de l’artiste constitue sa première œuvre extérieure. Elle engendre une forme d’indétermination sémantique qui appelle à l’imagination. À l’instar de plusieurs des œuvres de l’artiste, l’interprétation du spectateur est ce qui crée le véritable poème. Pour Mihalcean, il s’agit d’une « tentative de créer une scène en multipliant les images qui pourraient lui être associées, afin […] que la sculpture se présente […] comme une sorte de récit mobile. » (1998)