Jean Noël est né en 1940 à Montréal (Québec). Après des études en administration, il fréquente l’École des beaux-arts de Montréal de 1960 à 1963. Après deux ans et demi, il abandonne prématurément ses études alors qu’on lui dit que ce métier n’est pas pour lui. En 1975, il s’installe en France. Il enseigne la sculpture au Parsons School of Design à Paris de 1982 à 1988. Il participe à plusieurs expositions collectives en plus d’exposer en solo au Québec, en Ontario et en France où ses œuvres font partie de plusieurs collections. Jean Noël a réalisé de nombreuses œuvres intégrées à l’architecture autant au Québec qu’en France. Il vit à Paris mais continue de travailler et d’exposer à Montréal.
Sa carrière débute alors qu’à Montréal, le milieu des arts bouillonne. Très tôt, Jean Noël fait le choix de la non-représentation. Aux puzzles découpés dans du métal peint succèdent les sculptures de forme ovoïde en plexiglas, en plexiglas thermoformé, en vinyle et en tissus qu’il déploie dans l’espace. Dans les années 70, l’artiste utilise la photographie, la vidéo, le body art. Ses petits films, dans lesquels un espace ou un corps se transforme, se rapprochent de la performance.
Dans les années 80, ses œuvres s’éloignent de la définition traditionnelle de la sculpture et traitent des thèmes du passage, de la légèreté, de la fluidité, de la frontière entre l’équilibre et le déséquilibre. Jean Noël s’attache plus aux jeux des formes et des forces. Il utilise divers matériaux comme la fibre de verre, des tiges d’acier, du polyester ondulé, de l’acier, du bois émaillé. Ses sculptures sont souvent suspendues. Lorsqu’elles sont au mur, elles tiennent des attaches très fines, quasi inexistantes, fragiles, comme des aiguilles ou des points de colle. L’artiste joue avec l’équilibre, le déséquilibre, l’ombre portée.
Description de l'oeuvre
« Mais où vont donc toutes ces émotions, tous ces mots bout à bout, toutes ces pages, tous ces livres, tous ces arbres coupés, toutes ces forêts, toutes ces joies, tous ces pleurs… ? », dit l’artiste sur cette œuvre. Deux formes immenses, transpercées par une tige, flottent sur quatre étages, dans l’espace de l’atrium. Une forme de couleur verte et une forme ondoyante de couleur métallique qui accroche la lumière. Cette sculpture évoque avant tout la tension, la matière, la fluidité et l’ondulation. Il faut y voir une articulation abstraite de plans colorés dans l’espace.
La sculpture quitte le sol pour s’envoler. Aériennes, graciles, colorées, les œuvres de Jean Noël sont pour la plupart suspendues, accrochées aux murs, flottantes, annonçant ainsi les distances prises avec une sculpture de type classique au sol et sur des socles. Les sculptures, loin d’être statiques et figées, semblent toujours prêtes à frémir, à trembler. Elles suggèrent des dispositifs fragiles et transitoires.
Comme l’a écrit le critique d’art Gérard Durozoi, «Jean Noël n’utilise qu’un nombre restreint de formes, qui sont diversement combinées d’une pièce à l’autre, et toujours assemblées avec de frêles tiges métalliques, dont le pouvoir d’évocation est dû à leur fonction ou à leur position mais non à leur aspect. Son » évocation » résulte d’abord d’une sorte [d’esthétique] combinatoire, dont on pressent qu’elle pourrait bien prouver sa fécondité indépendamment de tout motif. Sa sculpture est en fait « minimaliste », mais dans ce sens particulier où il s’agit pour lui, non d’explorer les déclinaisons possibles de structures « primaires » ou strictement géométriques, mais bien plutôt de réduire le motif au minimum garantissant sa reconnaissance».