Jacques de Tonnancour hésite entre la carrière scientifique et les beaux-arts. Mais son passage à l’École des beaux-arts de Montréal ne le satisfait pas et il quitte l’établissement après deux ans en dénonçant avec fracas l’académisme. De Tonnancour poursuit sa formation à la Montreal School of Art and Design, sous la direction d’Arthur Lismer, membre du Groupe des sept. Sa première exposition en solo a lieu en 1942 à la galerie Dominion, à Montréal. Après un voyage au Brésil qu’il effectue grâce à une bourse du gouvernement, il est engagé comme professeur à l’École des beaux-arts de Montréal en 1948. C’est au cours de la même année qu’il rédige avec Alfred Pellan le manifeste Prisme d’yeux qui s’oppose à une définition trop étroite de l’avant-garde en peinture. Nommé artiste résident à l’UQAM en 1969, il y enseignera jusqu’en 1982. Il cesse alors complètement sa production artistique et retourne à une passion qui l’a toujours habité : la collecte et la photographie d’insectes.
L’emprise qu’a l’art de Picasso sur lui freine de Tonnancour au point que de 1950 à 1955, il peint très peu. Il s’y remet par le paysage laurentien. L’utilisation d’une raclette en caoutchouc lui permet des variations chromatiques et formelles. Puis, sa peinture devient de plus en plus épurée. Les plages de peinture sont prêtes à accueillir les collages, l’accident, les allusions symboliques, les figures géométriques.
Parmi les distinctions qui lui sont attribuées, notons qu’il est bousier du Conseil des arts du Canada et reçoit, en 1958, le premier prix du Winnipeg Show. En 1966, la Vancouver Art Gallery présente une exposition rétrospective de ses œuvres. En 1979, de Tonnancour est nommé officier de l’Ordre du Canada et reçoit l’Ordre du Québec en 1992.
Tonnancour a réalisé quelques œuvres intégrées à l’architecture. Outre l’ensemble de l’Université de Montréal réalisé en 1968, il exécute un triptyque en collage-peinture pour le planétarium Dow en 1966.
Description de l'oeuvre
À l’origine, cette murale ornait l’entrée de la Bibliothèque des lettres et des sciences sociales (BLSH). Le déménagement de la bibliothèque dans le pavillon Samuel-Bronfman en 1988 a entraîné le réaménagement de cet espace. La murale est maintenant au croisement de corridors menant vers la BLSH et fait face aux ascenseurs.
Tout comme celle de l’entrée du pavillon 3200, rue Jean-Brillant, cette murale est en formica. Elle en reprend aussi les mêmes couleurs en aplat et les mêmes formes géométriques, à l’exception du trapèze. L’attention est mise sur la bande centrale, rythmée par le jeu des cercles et des bandes horizontales. Les bandes métalliques divisent la murale en grandes sections.
Cette murale fait partie d’un ensemble de cinq œuvres commandées à l’artiste lors de la construction des pavillons 3200, rue Jean-Brillant, Maximilien-Caron et Lionel-Groulx. Elle a été restaurée en 2010. Les bandes métalliques manquantes ont été refaites et des morceaux de formica recollés.
Cet ensemble est le premier que l’Université finança dans le cadre du programme d’intégration des arts à l’architecture. Les architectes Beauvais et Lusignan avaient choisi Jacques de Tonnancour pour réaliser la « décoration artistique », comme il est écrit dans le contrat.