Né à Sherbrooke en 1957, Pierre Fournier a d’abord obtenu un diplôme en arts plastique au Cégep de Sherbrooke avant de compléter un baccalauréat puis une maîtrise (1986) dans le même domaine à l’Université du Québec à Montréal, ville où il vit et travaille désormais. Un peu plus tard dans sa carrière, il a également fait une formation en infographie au Cégep de Maisonneuve.
Quoique Pierre Fournier soit bien connu pour ses œuvres d’art public et les projets d’intégration de l’art à l’architecture qu’il a réalisés (un peu moins d’une dizaine depuis 1993), il pratique également la sculpture de plus petit format. Souvent cinétique (Mouvements factices, Occurrence, 1989) et sonore (Machines sensibles, Optica, 1986), ces œuvres sculpturales conçues pour la galerie glissent aussi régulièrement vers l’installation interactive et les « arts technologiques », et incluent même parfois le dessin, la photographie et la performance. Depuis 1983, ses œuvres ont été régulièrement montrées dans le cadre d’expositions particulières dans des galeries, des musées et dans le cadre d’évènements d’art contemporain, à Montréal surtout, mais aussi ailleurs au pays (Sherbrooke, Victoriaville, Hull et Ottawa) et plusieurs fois en France. De même, ses participations à des expositions collectives sont nombreuses et lui ont permis de présenter son travail à plusieurs endroits au Canada et à l’étranger (France, Japon).
Le travail sculptural de Pierre Fournier se base sur l’élaboration de structures ludiques, construites à partir d’éléments démultipliés. À travers la répétition et l’imagerie organique, quasi scientifique, qu’il mobilise, l’artiste s’interroge sur la relation entre l’art et la technologie et sur la dualité entre notre être intérieur et extérieur. Ses objets questionnent la perception de la réalité par le biais de l’assemblage et par des jeux d’échelle.
Description de l'oeuvre
L’œuvre Jeu, geste et corps a été créée dans le cadre du programme d’intégration des arts à l’architecture et s’inscrit dans le projet de rénovation du Centre d’éducation physique et des sports de l’Université de Montréal (CEPSUM). Elle est située sur le terrain Bellingham au pied du pavillon de la Faculté de musique et à proximité du CEPSUM, à l’intersection entre le chemin principal et un chemin de service qui mène aux estrades et au terrain de jeu.
La proposition de l’artiste regroupe trois composantes verticales de dimensions similaires, mais dont chacune des parties supérieures est différentes. Chaque composante est constituée d’un mât de plus de 3 mètres de haut, coiffé de cerceaux concentriques mobiles dont l’assemblage compose un volume géométrique spécifique (une sphère, une forme ovoïde et une autre étoilée) qui fait plus ou moins 1,5 mètre de largueur. Fournier a combiné l’acier inoxydable, l’aluminium anodisé clair et l’aluminium peint afin d’obtenir des jeux de couleurs entre le blanc, des tonalités de gris, le bleu et le jaune – une première pour une sculpture cinétique de l’artiste.
De manière à relier symboliquement l’œuvre avec son lieu, chaque cerceau qui compose les éléments supérieurs est perforé de formes représentant des personnages de façon à illustrer la décomposition d’un mouvement (saut, course, marche) – une référence à la chronophotographie du pionnier Eadweard Muybridge (1830-1904).
Le contraste entre terrain plat et structures verticales dynamise l’espace de jeu et institue un repère visuel pour les usagers du terrain. Les mâts sur lesquelles sont plantés les objets imaginés par Fournier viennent s’insérer parmi les autres mâts déjà présents sur place. Le caractère cinétique ces objets, évoluant par rotations et culbutages, permet au spectateur d’en apprécier différents angles au cours de leurs déplacements subtils, comme si une sorte de géométrie du mouvement défilait sous ses yeux.