Écoutez la capsule sonore consacrée à cette œuvre
En 1991, Richard Purdy fonde Les industries perdues, collectif auquel, la même année, se joint François Hébert. Chacun est détenteur d’une maîtrise en arts plastiques et a bon nombre d’expositions individuelles à son actif. Véritablement intégrées à l’environnement urbain et volontiers narratives, leurs œuvres s’approprient des objets en les glissant dans un contexte mythique déjà existant ou qu’ils inventent. Parmi leurs réalisations, on compte L’Horizon vertical (1997) au Théâtre de Nouveau Monde, Deus ex machina (1995) à l’Usine C et La vivrière (1995) sur la place de la FAO à Québec.
Description de l'oeuvre
Située sur la place Gérald-Godin, en plein cœur de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, en face de la maison de la culture du Plateau-Mont-Royal, l’œuvre est intégrée au mur nord de l’immeuble du 4433-4435-4437, rue Rivard. Il s’agit de la reproduction en grand format du poème « Tango de Montréal » composé et publié dans le recueil Sarzène, en 1983, par Gérald Godin.
Ce poème est représentatif à la fois de l’œuvre littéraire de Godin, de son attachement à Montréal et de ses préoccupations humaines. Chacun des 327 caractères typographiques du poème est sculpté dans l’argile crue, qui par la suite est cuite à haute température pour donner une brique de très haute qualité. Les 327 briques ainsi obtenues sont incorporées au mur de briques de l’immeuble, traitant le mur comme une page. Les caractères s’apparentent à ceux que les Romains sculptaient dans le marbre, et les joints de mortier noir augmentent le contraste afin d’assurer la bonne lecture à distance. Les artistes pensaient que la voix de Gérald Godin, sa voix de poète, plus discrète et moins connue que ses interventions politiques, appartenait aussi à l’histoire, et ils ont choisi de lui donner la parole, dans un lieu qui est aussi celui du quotidien, celui des départs matinaux pour le travail, celui des retours à la maison, de ceux qui partent, de ceux qui passent et de nouveaux arrivants.