Originaire de Granby, Charles Daudelin, sur les conseils de Paul-Émile Borduas, envisage d’emménager à Montréal et de suivre des cours à l’École du meuble de 1939 à 1943. Élu membre de la Société d’art contemporain en 1941, il séjourne consécutivement à New York et à Paris, où il fréquente notamment l’atelier de Fernand Léger. Enseignant à l’École des beaux- arts de Montréal, l’artiste y crée la section « d’art intégré », en 1963. Parmi ses réalisations les plus prestigieuses en art d’intégration, notons le retable de la chapelle du Sacré-Cœur de la basilique Notre-Dame et la sculpture-fontaine l’Embâcle à la place du Québec à Paris.
Description de l'oeuvre
Charles Daudelin réalise, en 1963, le relief en aluminium coulé incrusté de verre coloré qui jouxte la porte d’entrée de l’école Léonard-De Vinci, pavillon 2ᵉ et 3ᵉ cycles. Le sculpteur travaille les deux faces de l’œuvre, la rendant visible tant de l’extérieur que de l’intérieur de l’édifice. Cela survient après que l’architecte moderne Jean-Louis Lalonde lui ait demandé de concevoir deux œuvres en fonction de cette école qu’il dessine. Daudelin propose alors un relief en aluminium à l’extérieur et un relief en béton coulé et coloré à l’intérieur du gymnase. Il faut savoir que Daudelin et Lalonde se connaissent bien, car ils ont déjà collaboré ensemble. Cette collaboration artiste-architecte est d’ailleurs un bon exemple du processus de commande d’œuvre d’art à l’époque, où c’est encore l’architecte qui invite l’artiste à créer l’œuvre, car il le connaît bien et apprécie son esthétique.
Ce relief en aluminium constitue un rare cas d’œuvre qui comprend à la fois la croix d’école, obligatoire à l’époque, et le lettrage de la dénomination de l’école, autrefois nommée Saint-Damase. Cette imbrication de l’œuvre d’art, de la croix et du nom initial de l’édifice en fait un relief signalétique, où l’esthétique de l’ensemble de ces éléments est cohérente. Il est d’autant plus exceptionnel que cette esthétique abstraite dite lyrique est plus rare en art public à l’époque que celle géométrique. Le travail gestuel de l’artiste induit ce lyrisme, lequel se déploie avec éloquence au travers de l’irrégularité des formes verticales, du dessin de la croix et du graphisme des lettres, en plus des textures contrastées lisse et rugueuse données à l’aluminium. En 1966, Daudelin travaillera encore l’aluminium texturé. Il ponctue alors les murs des quais de la station de métro Mont-Royal de 32 fines bandes en relief, collaborant avec l’architecte Victor Prus cette fois.
Le relief d’aluminium texturé et incrusté de verre coloré intégré à l’entrée de l’école Léonard-De Vinci, pavillon 2ᵉ et 3ᵉ cycles (jadis Saint-Damase) est la première œuvre métallique réalisée par Daudelin en fonction d’écoles de la Commission scolaire de Montréal. En 1969, il crée une sculpture formée de quatre rectangles verticaux en acier peint bleu et jaune, disparus depuis, et d’un bloc de béton signalétique à l’extérieur de l’école Robert-Gravel, alors nommée Saint-Louis, une autre école conçue par l’architecte Jean-Louis Lalonde, avec qui il collabore à nouveau. Puis en 1979, Daudelin installe une sculpture en acier inoxydable au fini lisse devant l’école Joseph-Charbonneau.